En attendant le récit de notre concurrent mystère Nico G voici celui de francky…
Embrunman, 4 fois que je vaincs le mythe, pas sans peine mais comme disait Pierre de Coubertin “Le sport va chercher la peur pour la dominer, la fatigue pour en triompher, la difficulté pour la vaincre.”
Il disait vrai. 1300 triathlètes prêts à en découdre, une épreuve hors normes qui a longtemps été le triathlon longue distance le plus dur au monde. Aujourd’hui, c’est la surenchère. Vous me direz : quel intérêt ? Tout simplement, l’espèce humaine n’a toujours pas trouvé ses limites psychologiques et physiques. Il fait encore nuit, vous êtes pris par une angoisse, une peur car vous savez que cette journée va être longue, très longue !!! 6 mois de préparation, nager, rouler, courir, un timing toujours à flux tendus. Merci à Marie-Claude, ma femme, de me permettre de vivre cette passion, 29 ans que je nage, roule, cours, pour assouvir cette passion…… bigorexie quand tu me tiens !!!
Pan, tel un automate je suis cette masse noire qui se jette dans cette magnétique étendue d’eau. Il fait nuit, la lessiveuse est en mode marche sur 400m. Comme à l’habitude, je pars sur la droite, direction le ponton avec comme seuls repères les flashs des appareils photos et téléphones. 1900 m dans la pénombre, à suivre cette ligne de conduite maintes et maintes fois répétées à l’entraînement, suivre le sillon d’un compagnon de galère malgré lui. Je me sens bien, je m’applique, je reste concentré… Le jour se lève, je suis dans mon élément….. Le 2ème tour est presque bouclé, je me remémore la transition, je prends le temps de prendre un thé chaud (merci aux bénévoles). J’arrive à mon emplacement, j’encourage Nico qui se bat avec sa peau noire, mdr! Je le vois partir… Vais-je le revoir, peut-être ?! Bon courage et fais-toi plaisir.
J’enfile un maillot de vélo, le casque, les chaussures et c’est parti pour plusieurs heures d’un véritable voyage où je ne dois surtout pas fermer les yeux, afin de profiter de la magnificence de ces paysages. Marcel Proust aussi disait vrai, «Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux»
200 m de plat et c’est parti pour un 1er col de 7 kms, ne pas se mettre en sur-régime, prendre son temps, faire baisser les pulsations, le plus dur c’est pas maintenant. Je rattrape Nico au bout de 11kms. On échange quelques mots, je l’avertis de la rampe de 27% sur 50 m au 13ème kms, lui rappelle de ne pas se tromper de braquet… Il me dit “comme à l’entraînement !” Il a raison, on se connait par cœur après ce nombre incalculable de kilomètres que l’on a fait ensemble pendant la préparation, à se donner son état de forme, ses sensations, sa stratégie????
Je décide de partir, j’ai de bonnes jambes, je reste concentré…un élément perturbateur commence à poindre le bout de son nez. Eole, d’habitude, ilcommence à souffler vers 11h, mais aujourd’hui, il en a décidé autrement. Il est environ 8h, il faut changer les pronostiques, prendre en compte ce nouvel élément, ralentir et faire avec. J’arrive au pied du col de l’Isoire, j’ai toujours les jambes qui suivent le rythme. Aujourd’hui, elles me portent sans douleurs, sans baisse de régime, c’est que du bonheur. A mi parcours du col, une sensation bizarre m’envahie, j’ai mal à la tête, j’ai envie de vomir, j’ai des difficultés à ventiler. Je comprends tout de suite : plus je gravis ce col mythique, plus j’ai le mal de l’altitude. C’est un paramètre que j’avais omis dans mes entraînements. Comme pour le vent, il faut faire avec, mais que se fût dur… Dans les pourcentages les plus rudes, je vacillais, je haletais, je commençais à douter. Je commence à voir le bout des 2360 mètres d’ascension et le haut du monument à la mémoire de Coppi et Bobet. J’atteins le sommet, je suis blême, je me sens mal, je récupère mon sac de ravitaillement et je pars sur le bas côté pour vomir. 3′ à vider mon estomac et commencer à cogiter.Je débute la descente au plus mal, je lâche les chevaux, je prends des risques. Avec le recul, la décision de prendre le vélo de chrono ne m’a pas du tout pénalisé, au contraire. J’essaye de manger après la vidange, je mets environ 45′ pour manger un sandwich, je retrouve des sensations au fil de la descente, je reprends ma progression vers Embrun. Tout le monde le dit, Embrunman commence après le col de l’Isoire mais j’y ai laissé beaucoup d’énergie, je me remotive et j’y mets moins de volonté afin de perdre le moins de plumes possible. Arrive Palon 1,5 kms à plus de 15%, vous me direz que ce n’est rien mais quand elle arrive au bout de 140kms, elle est interminable, je la passe,ouf !!! Tout en gestion car mon estomac est toujours barbouillé. Reste Chalvet 7kms à 6% de moyenne au kilomètre 175. Sur les hauteurs d’Embrun, avant d’arriver aux pieds du col, je rattrape un compagnon de fortune, je me mets de front à sa hauteur, on commence à parler de ce périple et du bonheur d’en finir, on entend un motard derrière nous, on reste à palabrer, il nous dépasse, le passager avec le gilet à rayures noires nous montre un carton bleu, pan !!! 5′ de pénalité et s’éloigne. Aucune importance, j’avais décidé de prendre le temps de m’étirer avant de partir sur le marathon . Après 9′ à T2 dont 5′ dans la pénality box, je pars pour le marathon. J’étais venu à Embrun pour ne faire que la natation et le vélo suite à une inflammation du tenseur fascia lata de la hanche(TFL) contractée 3 semaines avant l’épreuve. J’avais décidé de prendre la décision de courir en fonction de l’état du TFL après le vélo. Je pars, aucune douleur, que du bonheur, petit clin d’oeil à Ana Tornos qui a su repousser l’échéance. Je fais le premier tour sans douleur, du moins je le croyais. J’avais un petit gêne mais rien d’inquiétant. Dans une descente, je commence à ressentir des picotements, 500 m plus loin, une douleur intense me fait trébucher, je me retrouve dans le fossé, un commissaire à VTT me demande si tout va bien, euh !! oui oui je cherche des champignons ! Je me remets debout et repars en crabe, je sais qu’à cet instant, il faut que j’adopte une stratégie pour ne pas abandonner, Nico me passe 30 s après. Etonné de me voir, je l’encourage, il a une belle allure, il sera en dessous des 4h, il aura fait une belle course, trop dans la gestion, je pense !!!. Je décide de faire une marche course sur les 28 kilomètres qu’il me reste et ça a été une sage décision puisque après 4h48’15s de CAP je franchis la ligne d’arrivée. Satisfait d’en finir vu l’état de ma jambe. Je finirai par ce proverbe «La satisfaction de s’être dépassé est tellement enrichissante !» et j’invite à qui le veut en 2019, pour mon 5ème Embrunman
Franck,
Le concurrent mystère…